Ce week-end je suis montée à Paris, pour fêter l'anniversaire de ma meilleure amie. C'est devenu une tradition, un incontournable rendez-vous raclette/cheminée dans un bled désormais mythique : Savigny le Temple.
Je sais que je risque gros en révélant ce lourd secret. Et oui, je ne viens pas exactement de Paris mais de Seine et Marne, le plus grand département d'Ile-de-France, un incroyable fourre-tout mêlant bouse de vache, cités pleines à craquer, voitures enflammées et châteaux médiévaux.
Quand je demande à mes amis lyonnais s'ils savent où se trouvent la Seine et Marne, je me rends compte à quel point c'est vague pour tout le monde.
- Tu vois Fontainebleau ?
- Euh... non.
- Melun ?
- ... c'est dans Camping ça non ?
- Disneyland ?
- Ah... peut-être...
- Bon sang je ne sais plus moi... Coulommiers ?
- Ah oui ! J'en ai dans mon frigo !
C'est ce qui m'a valu l'étiquette de "fausse Parisienne qui est en fait née dans un camembert". Et j'ai toujours droit à ma petite vanne au moment de passer au fromage.
Cela fait maintenant des années que je ne retourne plus à Savigny. Mes parents ont revendu notre maison, je n'y ai plus aucun point d'ancrage. Ce n'est pas le cas de mes amies d'enfance qui, elles, y ont toujours leur famille.
Ce petit périple au coeur de la Seine et Marne est donc devenu pour moi une sorte de pélerinage, un retour aux sources blindé de souvenirs, bons et mauvais.
Incroyable, ce bon vieux RER D s'arrête désormais à Maison Alfort.
La gare SNCF de Savigny a été complètement relookée depuis mon départ.
Des immeubles et des pavillons ont poussé comme des champignons là où avant il y avait des champs.
La supérette où travaillait ma mère a fermé.
La maison où j'ai grandi est habitée par une famille d'inconnus.
C'est drôle, j'ai l'impression que ma vie là-bas date d'il y a vingt ans. Ce n'est pourtant pas si vieux. Encore maintenant, je me demande comment j'ai pu supporter de me taper quatre heures de transports en commun tous les jours pendant des années !
Ah lala. Chaque année, en novembre, je fais les mêmes constats. Puis je réalise que maintenant je suis ailleurs, dans une autre vie, comme si il en avait toujours été ainsi.
Une banlieusarde, la honnnnnnnte.