C'est l'idée géniale et saugrenue d'Erwin Wurm, en ce moment au Musée d'art contemporain de Lyon.
Vous avez peut-être déjà découvert cet artiste autrichien il y a
quelques années, au Palais de Tokyo, avec ses étonnants "fat car" et
"fat house". Cet été, le MAC propose une importante rétrospective de son
travail, avec plus d'une centaine d'oeuvres toutes aussi loufoques et
décalées.
Ce que j'aime le plus dans les installations artistiques, c'est de
savoir qu'elles sont le fruit d'une idée, dont la matérialisation revêt
une apparence différente d'un endroit à l'autre. Ainsi l'artiste
s'approprie les lieux, s'adapte à leur configuration pour mettre en
scène son travail, puis remballe le tout pour laisser la place à une
autre exposition. L'oeuvre est donc unique et éphémère.
Pour revenir à l'expo d'Erwin Wurm, je dois dire que j'ai bien apprécié
sa proximité avec le public. Plus accessible tu meurs. Et en plus c'est
drôle, ce qui ne gâche rien ! L'artiste propose notamment une vision
originale de la sculpture dans laquelle des actions humaines
habituelles sont modifiées, décalées, ou détournées pour un bref
instant : un homme accroché à un panneau, un autre dont la tête
s'appuie contre un mur séparée par une boîte de conserve, une femme
allongée sur des pommes, etc. Les photos font sourire, les vidéos aussi
(imaginez-vous de devoir tenir allongé sur une poutre en bois, dans le
même sens et sur le flanc !).
Je me suis carrément tapé un fou rire en lisant des inscriptions au
sol, à côté d'objets divers et variés, invitant le public à participer :
"Prenez ce manche à balail, faites-le tenir entre vos fesses et le sol, puis lévitez"
"Ouvrez votre braguette, prenez cette peluche Porcinet et glissez-là
dans votre pantalon, tenez-vous bien droit et pensez à la peur"
Aller une dernière :
"Prenez cet élastique, glissez-le entre vos orteils (déchaussez-vous préalablement) et pensez à Spinoza"
Bien sûr, ce regard insolite, insolent et auto-dérisoire sur le monde
induit une réflexion sur la subjectivité et flirte avec la philosophie.
Mais même si comme moi vous n'en captez pas toutes les subtilités, vous
passerez au moins un excellent moment.
Dépêchez-vous, l'expo d'Erwin Wurm ne dure que jusqu'au 5 août.
Copieuse!