• Ce matin au téléphone.

    - Allo Monsieur mon futur directeur à Lyon ?
    - Bonjour Mademoiselle Sylviette. Comment allez-vous ?
    - Très bien merci. Vos vacances sur le yatch se sont-elles bien passées ?
    - A merveille, je suis tout bronzé. Alors on se voit lundi pour votre premier jour à l'agence ?
    - Oui. Mais je voulais régler un point de détail avec vous avant.
    - Bien sûr. Vous voulez parler du salaire ?
    - Oui c'est ça. Vous m'avez laissé entendre la dernière fois que vous étiez prêt à revoir à la hausse votre proposition.
    - Tout à fait. Bon, à l'issue de votre période d'essai, si nous sommes satisfaits, il y a de fortes chances que vous bénéficiez déjà d'une augmentation. Mais en ce qui concerne votre embauche, nous sommes prêts à faire d'emblée un effort.
    - ...
    - Je vous avais proposé 25000 dollars par mois... (bruits de feuilles) Que dites-vous de... mmh... 30000 dollars ?
    - ...
    - Allo ? Mademoiselle Sylviette ? 
    - Euh... oui je suis là ! C'est parfait Monsieur mon futur directeur. Je ne sais quoi vous dire, à part merci !
    - Y a pas de quoi Mademoiselle Sylviette. Au plaisir de vous voir lundi matin dans nos locaux ! Et si vous avez besoin d'aide pour trouver un logement et vous installer -excusez-moi d'ailleurs si je me mêle de ce qui ne me regarde pas- n'hésitez surtout pas à demander.
    - ... merci beaucoup !
    - Au revoir et à lundi.
    - ...

    Je n'ai donc même pas eu à négocier, mon employeur me lâche exactement le salaire dont je rêvais. Je n'en peux plus de triper.


    votre commentaire

  • 4 commentaires

  • Cette photo d'Andrea fait partie d'une série de photos réalisées en argentique lors de mes derniers jours à Rome. Pour en voir d'autres.


    J'ai enfin accepté d'admettre qui sont mes vrais proches..


    2 commentaires

  • Lire des récits de voyage fait du bien aux méninges, émoustille l'imagination que nous avons perdue et permet de remettre certaines choses à leur place dans la vie en général.
    Livre d'un flâneur émerveillé, L'Usage du monde de Nicolas Bouvier raconte sa lente et heureuse dérive, dans les années 1953-1954, entre Genève et le continent indien.

    Toutes proportions gardées, certaines impressions de l'auteur m'ont ramenée au souvenir de l'Italie et de mon aventure romaine. Je tenais alors à jour un blog d'expatriée, qui entretenait mon propre émerveillement et me permettait d'immortaliser rigoureusement mes expériences. Un journal de bord comme celui de Nicolas Bouvier :

    Ce qu'elle (la ville) pouvait déjà donner comptait plus que ce qui lui manquait encore. Si je n'étais pas parvenu à y écrire grand chose, c'est qu'être heureux me prenait tout mon temps. D'ailleurs nous ne sommes pas juges du temps perdu.

    Autre passage qui me parle:
    Ces grandes terres, ces odeurs remuantes, le sentiment d'avoir encore devant soi ses meilleures années multiplient le plaisir de vivre comme le fait l'amour.

    Enfin :
    Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible cœur. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>



    Merci Pierre pour cette lecture.


    2 commentaires

  • A 8 ans, mon père se boucha les oreilles pour ne plus entendre le son des mitraillettes nazies qui résonnaient dans la cour.
    A 12 ans, il décida de devenir prêtre et entra en internat.
    Après le bac, il étudia la philosophie et la théologie. Guerre d'Algérie oblige, il dût interrompre ses études pour rejoindre le bataillon. Il devint infirmier sur le tas et fut chargé, entre autres missions, de recoudre les corps dépecés des soldats décédés afin de les rendre présentables au moment de l'identification.
    28 mois plus tard, il rentra à Paris pour finir son séminaire de théologie, s'engagea auprès de la mission française et s'envola pour la Malaisie. Il avait 26 ans.
    Devenu officiellement missionnaire, il fut ensuite envoyé en Inde pour y apprendre le tamoul. Il y resta deux années.
    Il revint en Malaisie, mais ne fut plus tout à fait le même. Face aux réalités sociales, il se rendit compte que parler du bon dieu était un peu limité. "J'étais chrétien, mais avant tout humain". Il aida des familles et des villages à s'instruire, s'organiser, travailler. Ses méthodes furent sévèrement critiquées par ses supérieurs, parce qu'elles sortaient du cadre de sa mission de christianisation.
    Au passage il rencontra ma mère, une jeune chinoise peu instruite mais volontaire.
    Usé par la désapprobation de ses pairs, fatigué du dogmatisme et déçu par l'Eglise, mon père décida un jour de rentrer en France. Il demanda pour cela au pape sa réduction à l'état laïc.Il avait alors 38 ans, et son pays n'était plus vraiment le sien.
    De Paris il garda contact avec ma mère, à qui il conta fleurette  à distance pendant quelques mois. Il parvint à la rapatrier en France pour l'épouser alors qu'elle n'avait que 21 ans.
    Final : il trouva un emploi de technicien dans un grand aéroport, ne baptisa pas ses filles et ne retourna plus à la messe.

    J'ignorais un tas de détail, notamment concernant les motifs de son désengagement de l'Eglise et sa perte de confiance dans la religion. Je savais par contre que mon père cachait derrière lui un vécu extraordinaire, fait de voyages et de rencontres. J'ai d'ailleurs grandi au croisement des cultures française, chinoise et indienne, à l'image du passé de mes parents.
    Pour la première fois, j'ai eu le plaisir de voir mon père mettre sa pudeur et son orgueil de côté. Pour déballer le morceau, de lui-même.

    Je lui ai pardonné plein de choses du coup.

    Rachid, ça ne te rappelle rien tout ça ?...

    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique