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J'étais en week-end à Paris, en quête de ma dose d'expos photo (comme s'il n'y en avait pas à Lyon).
Je me suis rendue à l'incontournable Maison européenne de la photo, comme à chaque fois. C'est le travail de Larry Clarke qui m'a d'abord attirée. Avant d'être le marginal réalisateur de Kids ou Ken Park, films à la fois esthétiques et effrayants sur les maux de la jeunesse américaine, il a été un photographe controversé. Son recueil « Tulsa », véritable compilation de moments volés aux toxicomanes de sa ville natale dans les années 1970, l'a propulsé sur la scène artistique « off » de l'époque.
L'expo m'a beaucoup plue, pour ses qualités esthétiques, testimoniales et dérangeantes. Mais ce que je retiens le plus de ma visite est quelque chose de bien moins subversif : la collection de Martine Barrat intitulée « Brooklyn in my heart ». Sans rentrer dans les détails de son travail (il suffit d'aller voir le site), je me suis surprise à m'attendrir pour sa galerie de personnages et à me sentir nostalgique d'une période et d'un univers que je n'ai jamais côtoyés. J'ai eu un mini choc : moi qui ai toujours préféré le bizarre et l'onirique au réalisme journalistique, les mises en scènes burlesques aux images de reportage, le superficiel à l'historique, j'ai été touchée en plein coeur par des clichés simples, en noir et blanc, comme on en voit tant.
Je suis sortie de la Maison européenne de la photo pleine d'enthousiasme, le cerveau en ébullition. Et s'il l'Art pour l'art n'était pas la seule théorie possible ? Et s'il était possible de s'émouvoir pour quelque chose qui n'est pas esthétique, mais simplement... personnel ?
Moi qui croyais que seul le hors norme pouvait m'intéresser. Que nenni ! Quelque chose peut être simple et génial à la fois.
Martine Barrat : "Brooklyn in my heart" jusqu'au 6 janvier.
Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy - Paris 4e
(photo du flyer)
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Bonne idée. Je devrais y faire un tour d'ici janvier. La simplicité en art est sans doute la chose la plus difficile du monde et par conséquent la plus précieuse. Combien d'orchestrations somptueuses alors que quelques notes de piano suffisent? Comment faire surgir la poésie du quotidien? Trouver la beauté quand elle n'est pas ostentatoire? En fait, les idées les plus simples sont souvent les plus belles, il suffit de tomber sur celles qui n'ont jamais été trouvées, montrer la beauté là où personne ne la verrait. Comme quoi tout est vraiment une affaire de regard. De qualité de regard davantage que dans la chose vue. Il ne faut simplement pas croire que ce qui est sans apprêts est seulement personnel. En effet, combien d'efforts pour parvenir à cette pureté de lignes? Combien de surcharges enlevées, de ratures, de prises ratées pour toucher à l'essentiel? L'extrême pudeur ou modestie consistant à faire croire qu'il ne coûte rien de faire simple. D'ailleurs, je pense que je vais me mettre au sujet-verbe-complément...