Ca m'a pris comme une envie de pisser. J'avais vaguement entendu parler
de ce film, une sombre comédie des années 70 projetée chaque samedi
dans un cinéma lyonnais à la séance de minuit. Puis ce week-end j'y
suis allée, sans vraiment savoir à quoi m'attendre.
Je pensais me retrouver avec des vieux cons intellos (comme moi en fait
rhôôô) mais là, suprprise, il n'y avait que des jeunes dans la salle.
Et une petite ambiance aussi, celle des séances de minuit, où tout le
monde se fiche des convenances pour transformer une petit salle de ciné
en salon bien douillet.
Le Graphique de Boscop est une franche comédie de boulevard,
genre les Bidochons mais en plus rural. C'est l'histoire d'une famille
d'éboueurs en Basse Lozère, pauvres, crades et vulgaires. Le fils, que
tout le monde prend pour un débile mental, s'avère être un véritable
génie des mathématiques (puisqu'il parvient à résoudre le Graphique de
Boscop, une énigme aussi farfelue qu'imaginaire). Le père, quant à lui,
invente une machine qui combine les mots des chansons connues pour
créer des tubes. Pour vous donner une idée de l'ambiance : les acteurs
ont un accent si fort que leurs répliques sont parfois inaudibles (et
le son est pourri, ce qui n'arrange rien), la réalisation est
inexistante, la musique se limite à un accord de violon assourdissant
répété sans ménagement entre chaque scène (pour faire la liaison) et
les hommes tâtent les fesses des femmes toutes les cinq minutes. Au
milieu de ça, les dialogues sont garnis de répliques mythiques ("C'est
vraiment toute la misère humaine et morale" ou "Bon c'est un débile,
mais rien ne prouve que ce soir mental") et de calembours à deux
balles, le tout entrecoupé de réflexions philosophiques aussi
incongrues que révélatrices.
Personnellement j'étais morte de rire pendant
les trois quarts du film, qui est à la fois grotesque et moins con qu'il n'en a l'air. J'invite tous les Lyonnais à tenter l'expérience au moins une
fois.
Et pour la petite histoire, Le graphique de Boscop est en réalité l'adaptation
cinématographique (si on peut dire) d'une pièce de théâtre du Café de
la Gare. Véritable petit phénomène lyonnais, il passe au CNP Terreaux
une fois par semaine depuis 30 ans.
Ta critique est *exactement* 74 fois plus longue que la mienne... il faudrait en faire un graphique...