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- Sylviette ?
- Oui ?
- La prochaine fois, tu pourras me ligoter et mettre mes pieds dans un bac de ciment ?
- Mince ! Désolée mais ce soir je ne peux plus me joindre à vous.
- Ben qu'est-ce qui t'arrive ?
- Ils passent un film d'Antonioni ce soir sur Arte !
- T'es chiante.
- Tiens des torches ! Ca peut toujours servir pour les vacances !
- Tu pars en camping ? Je te conseillerais plutôt de prendre une frontale.
- Alors là tu rêves.
- Tu verras, quand tu devras chercher la porte des sanitaires avec ta brosse à dent dans la main droite et ta serviette dans la main gauche.
- On se mange un truc ensemble ce soir ?
- Volontiers, mais léger. Je dois retrouver la forme pour les vacaces.
- On en est tous là.
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Hier, j'ai été faire un tour à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne, pour voir l'expo rétrospective dédiée aux 30 ans du site. J'aime bien cet endroit, il est planqué dans un quartier résidentiel et abrité par des arbres, un peu dans l'esprit de la Fondation Cartier à Paris (mais en plus petit).
J'ai passé un bon moment, surtout devant les installations réalisées in situ qui ne manquent jamais de m'impressionner. Le fait de me confronter à une oeuvre adaptée aux lieux est un principe qui me plaît bien, surtout lorsqu'il impose un rapport entre l'espace, l'oeuvre et le visiteur.
C'est un extrait du travail de On Kawara qui m'a le plus interpellée. La série Date paintings, initiée en 1966, comporte un ensemble de tableaux sur lesquels sont peints une date du jour, dans la langue du pays où l'artiste se trouvait à ce moment-là. Chaque toile est conservée dans une boîte de carton qui contient en plus une page d'un journal local daté du même jour. Le tout suit un protocole implacable que s'est donné l'artiste, à savoir que tout tableau commencé et non terminé dans la journée est invariablement détruit.
J'en ai encore des frissons rien que d'y penser. Imaginez : le temps, aussi fugace soit-il, capté et immortalisé dans une boîte offerte aux humains le temps d'une expo. Et avec lui, l'existence d'un homme, les faits divers d'un lieu, à un moment révolu. Je ne sais pas, mais moi ça me bouleverse.
J'ai toujours été frappée par ces artistes qui travaillent dans la durée, consacrant tout ou partie de leur existence à donner du sens aux choses et à l'univers. Dans les livres ils appellent cela l'art conceptuel. Je ne sais pas vraiment où se trouve la frontière entre l'art et le témoignage, mais je trouve dommage qu'il faille donner un nom aussi rébarbatif à quelque chose d'aussi simple et essentiel.
Ambition d'art. A découvrir jusqu'au 21 septembre à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne.
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L'expo photo signée Beatrix Von Conta à la galerie Réverbère de Lyon s'est terminée hier. Un travail intéressant, sur le thème de la contradiction entre urbanisation contemporaine et patrimoine bâti des zones montagneuses les plus fréquentées de France. OK, cela ne sonne pas très glamour. Mais saviez-vous que les stations de ski françaises ont été les premiers lieux d'expérimentation d'une nouvelle forme d'aménagement du territoire dans les années 50/70 ?
On assiste donc à d'étonnants paysages lunaires traversés par des routes nationales, des téléphérique ou des constructions rectilignes qui frisent l'incongru, mais qui échappent à l'oeil critique des millions de visiteurs annuels.
Une autre partie du travail de Beatrix Von Conta consiste à choisir des paysages divers et à y planter un présentoir de librairie, où les cartes postales sont remplacées par des miroirs rectangulaires identiques les uns aux autres. L'idée est simple, voire banale : le reflet est un thème assez souvent photographié. Or là c'est un peu différent, puisque le présentoir utilisé permet de donner une inclinaison différente à chaque miroir. Ainsi, on peut faire refléter le ciel, le sol, la mer, et créer un trompe l'oeil pas toujours évident à déceler.
D'un point de vue esthétique c'est assez contestable, mais ce travail présente une certaine étrangeté (les paysages sont vides, inhabités) et joue avec nos perceptions.
J'attends maintenant avec impatience de me rendre à Arles, dans le cadre du festival international de la photo. J'ai pris un billet de train pour début août, histoire d'y aller une pleine journée et de m'en mettre plein les mirettes entre mon week-end à Oxford et mon road-trip en Irlande.
J'ai hâte j'ai hâte j'ai hâte !
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- Salut, alors comme ça vous habitez à côté de chez moi ?
- Oui, rue de la moquette. C'est entre l'avenue du Chablis et la rue du munster.
- Et vous êtes... frère et soeur ?
- Euh, non. Ca fait deux ans qu'on est ensemble.
- C'est bien ça.
- Sylviette ? Tu t'es changée ?
- Oui. J'ai eu un léger problème avec mon haut.
- ...
- Si vous trouvez des perles par terre, merci de me le dire !
- Et toi Sylviette, es-tu pour ou contre les fessées ?
- Ben, ça dépend des circonstances. Et de la personne aussi, chacun son truc.
- Je crois qu'on ne parle pas de la même chose.
- ...
- Ah, tu bosses chez Media survivors ?
- Oui, mais j'ai l'intention de partir. J'en peux plus de cette boîte.
- Je les connais bien, ma femme a travaillé pour la patronne.
- Vraiment ?
- Oui, mais c'était il y a longtemps. Maintenant elles sont amies.
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Entre deux crises existencielles et deux pluies torrentielles (merci de ne pas me toucher le bras quand j'ai les boules, ça ouvre les vannes direct), il y a quand même du bon ma petite vie statique.
C'est le temps du grand revival sur Facebook et Copains d'avant ! Vive le college power (avec son lot de mauvais souvenirs) et la lycée attitude (bienvenue en ZEP) !
J'ai retrouvé :
- tous mes anciens amoureux secrets (c'était d'ailleurs tellement secret qu'ils l'ignoraient eux-mêmes),
- des stars de l'école qui ne me calculaient pas (et qui, bizarrement, semblent bien me connaître),
- les anciennes petites frappes de la cour de récré (qui aujourd'hui officient en tant qu'employés communaux dans notre bled d'origine),
- des gens qui ont disparu de la surface de la terre dans les années 90 (et qui refont surface grâce aux nouvelle technologie, sacré internet !).
J'ai surtout bien aimé ce fructueux échange par messagerie Facebook interposée :
- Tu te souviens de moi ?
- Ben oui, était voisins avant que tes parents ne t'envoient en maison de correction.
- Je ne me souvenais pas que tu étais aussi mignonnne.
- Normal, c'était pas le cas !
Ben oui. Quand je vois la tête que j'avais en 1994 (mythique photo que je ressors de temps en temps pour relancer une soirée un peu trop calme), je crie : " Bon sang, j'aime quand même bien ma vie ".
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